Mémoires (film)

Rosa Kokh. Mémoires

Un film réalisé par les étudiants de la Fémis, à l’initiative de Lucien Kokh. Image, Manon Blanc. Son, Saoussen Tatah. Montage, Audrey Bauduin.

Ce film est dédié à la mémoire de nos proches et de nos parents disparus.

Il et le fruit du témoignage du dialogue de vie qui s’est instauré entre ma mère et moi dans ce long trajet qui l’amène à ses 102 ans et que nous avons eu le bonheur de poursuivre. Je la remercie en cela pour son courage, sa fidélité qui font qu’elle tient à nous accompagner le plus possible dans son trajet de vie, ce qui constitue un message d’amour. Elle qui a été le témoin de tant de choses dans son histoire comme enfant, jeune femme, femme, mère et fille. Son histoire de vie et de plusieurs vies dont il est difficile de se rendre compte et qui a pris place dans une époque troublée, qui a vu s’effondrer les espoirs d’amour et de civilisation. Je lui rends hommage et je la remercie de m’avoir permis de recueillir ses souvenirs et de les faire notre, avec soin, et pour s’être laissé approchée dans ce témoignage pas commode, par des jeunes femmes inconnues pour se laisser filmer. Jeune femme que je remercie également pour leur approche délicate. Ce qui donne la vue et les images de Rosa Kokh, de sa belle figure dans son âge, approchée dans ses souvenirs, ses mémoires douloureuses, comme un recueillement précieux fait pour sa descendance et pour le regard humain.

Je rejoins par là l’ensemble des humains, dans leur envie, leur respect et de regard et de témoignage. A toi ma chère mère qui a répété souvent dans cette approche, « vous ne pouvez pas comprendre ». Renvoyant aux paroles poétiques et incroyables du film « Hiroshima mon amour » ou l’homme répète à la femme étrangère : « non tu n’as rien vu »… de ce qui c’est passé ici.

À toi ma chère mère qui a vécu cette période si terrible de l’occupation, de l’effondrement du pays, de la chasse faite aux humains enfants dont j’étais et aux adultes catalogués comme juifs, à rayer de la vie. Je suis heureux que tu m’aies permis de réaliser ce court film de témoignage, que je te dédie et que je dédie aussi en hommage et souvenir à ceux qui se sont levés contre cette nuit des hommes, cette barbarie, et aussi pour ceux qui peuvent comprendre sans en avoir été.

Merci à tous ceux qui m’ont soutenu et qui ont participé de près comme de loin.

Lucien Kokh